Un bol d'air frais ne serait pas de refus } LIBRE

I

L

E

S

Il faisait soleil. Trop soleil, d'après Bryan Hartford. Les rayons de l'étoile géante venaient en fait de le réveiller, lui qui était si bien dans les couvertures qui s'étaient habitués à la chaleur de son corps et qui le faisait sommeiller. Il refusait obstinément de se lever, mais l'empressement du soleil de le voir debout eut raison de lui et il se décida enfin. Ça se voyait qu'on était le dimanche; on dirait que les gardiens et les psychologues étaient moins présents, le dimanche. Ils allaient même jusqu'à laisser le violeur faire la grasse matinée, ce qui n'était pas si mal! Un bref coup d'oeil vers l'horloge réussit à le faire sortir de son état un peu comateux: treize heures trente-cinq, ce qui expliquait la chambre vide de tout être humain, à l'exception de Bryan.

*J'ai vraiment dormi comme une bûche on dirait... Même le lit d'Atkins ne m'a pas réveillé! Woah...*

Il était vrai que la veille, il n'avait pas vraiment réussi à dormir à cause de ce lit en question, mais le sommeil qui l'avait pris par surprise en retard en avait vraiment valu la peine. Hartford se sentit en pleine forme, et il affichait même un sourire serein sur son visage durant quelques instants.
Le sourire disparut en même temps que son bonheur matinal.
Car son corps venait de lui faire comprendre, avec des signes distincts tels que le tremblement de ses mains et l'accélération de son coeur, qu'il était en manque de drogue.
Terriblement en manque.
Bryan se demanda ça faisait combien de temps qu'il n'avait pas vu Hamilton: une semaine et demi, peut-être plus. La réserve qu'elle lui avait donné n'avait tenu que quelques jours, ce qui n'était pas assez pour ce pauvre petit drogué. Mais bon, il ne fallait pas blâmer Lou Ann: c'était Bryan qui demandait des petites doses car il ne se croyait pas si dépendant. Et, bien sûr, orgueilleux comme tout homme, il ne s'avouerait jamais dépendant d'un chose aussi puérile que de la drogue.
Mais ça lui faisait tant de bien...

Hartford s'habilla en quatrième vitesse et alla directement au dortoir des filles. Il cogna frénétiquement à la porte de sa chambre, mais personne n'y était.
Ils étaient tous à l'extérieur et profitaient de la belle journée de printemps.

*Hé merde!*

, pensa Bryan avant de se diriger vers l'extérieur, poussant les rares personnes qui se trouvaient sur son chemin.

Une fois à l'extérieur, il se demanda à quel endroit Hamilton pouvait bien se tenir. Avait-elle des amis? Ça ne faisait quand même pas longtemps qu'elle était ici, certes, mais elle aurait pu se trouver quelques liens par-ci par-là, comme elle l'avait fait avec lui,
Il se rappela durant quelques instans leur rencontre, mais secoua vigoureusement la tête, comme s'il espérait que les pensées partaient de cette façon. Étrangement, ça fonctionna et le violeur put continuer ses recherches.
Inconsciemment, il se dirigeait vers le fond, là ou se trouvaient les jardins.
Rendu là-bas, il ne fut pas long avant que Bryan William Alexis n'aperçoive Hamilton: seule, allongée sur un banc situé au milieu de nulle part, les yeux clos, avec des écouteurs dans les oreilles. C'était difficile à manquer.
Ses mains toujours aussi tremblantes, il s'arrêta à moins d'un mètre de son visage, lui faisant de l'ombre pour la réveiller. Il ne pouvait voir si le subterfuge avait marché à cause de ses lunettes, mais soudain un doute s'installa.
Et si elle n'avait aucune drogue sur elle?
En effet, leur rencontre n'avait pas été prévue d'avance, elle devait d'ailleurs être surprise de le voir ici! M'enfin, le doute avait beau rester, il ne le montra nullement: au pire des cas, ils... discuteront...
Sans dire un mot, Bryan continua de la fixer avec son regard aussi vide, et esquissa un léger sourire.
Qu'est-ce que Bryan ne ferait pas pour sa dose?

T

E

Salut !

E

Je n'ai rien sur moi, j'suis désolée, tout est dans ma chambre. Il te fallait quoi exactement ?

E

Pose toi cinq minutes, si tu as le temps ^^

Bryan n'avait pas eu à attendre longtemps avant que Lou Ann ne s'aperçoive sa présence et ne s'assoie, lui souriant gentiment au passage. D'après la majorité des gars du pensionnat, Hamilton était sexy et savait s'y faire sous la couette. D'ailleurs, certains avaient dit qu'ils ne diraient pas non si l'occasion se présentait! Mais du point de vue d'Hartford, bien qu'il lui était dur de nier qu'elle n'avait pas un charme certain, sa dealeuse n'était pas son genre.
Une bonne chose d’ailleurs, si on sait ce que Bryan fait aux filles qu'il trouve de son genre...

"Salut ! "

Hartford ne répondit pas aux salutations d'Hamilton: trop inutile. À quoi bon dire un mot alors qu'on pouvait très bien le représenter par des gestes aussi simples qu'un hochement de tête ou un signe de la main? Un peu à contrecoeur, le violeur le salua avec un signe de la main - à contrecoeur, car il savait que sa visite ne servait à rien, rien qu'à voir l'air désolé de Lou Ann après avoir fouillé un peu partout sur elle.

"Je n'ai rien sur moi, j'suis désolée, tout est dans ma chambre. Il te fallait quoi exactement ?"

Voyez? C'était fou à quel point les gens perdaient leur temps à dépenser leur salive au lieu de simplment parler avec leurs yeux ou avec leur corps... Sauf que l'interrogation d'Hamilton, par contre, n'aurait pu se dire visuellement. Et Bryan n'avait aucune autre façon d'y répondre qu'avec sa voix. Zut.
D'ailleurs, que pouvait-il lui répondre?
Car en fait, le drogué n'avait aucune idée de quelle sorte de drogue il désirait: tout ce qu'il voulait, c'était de faire cesser le stupide frémissement de ses stupides mains! Preuve que Monsieur était accro... Mais quand se décidera-t-il à l'avouer ouvertement?
Probablement jamais.

"Ce que tu aurais eu sous la main m'aurait suffi."

Bon, disons que le reste de la phrase était facultative et Bryan avait bien fait de l'avoir gardé dans sa tête. Mais d'un autre côté, il ne voulait pas vraiment faire la discussion. Car c'était ça qui l'attendait: il venait d'entrer dans son propre piège. Brillant.

"Pose toi cinq minutes, si tu as le temps ^^"

Voilà, ça n'avait été qu'une question de temps. De quoi pourrait-on discuter avec sa dealeuse, à part des trucs qu'elle avait pour en avoir sans se faire prendre ou de leur emprisonnement ici. C'était principalement pour cette raison qu'Hartford détestait discuter: chercher des sujets de conversation. C'était si... si... rah!
N'empêche, il s'installa aux côté d'Hamilton. La vision des choses de Bryan lorsqu'il était en manque changeait, car il se disait qu'un petit sacrifice de salive en valait la peine si c'était pour celle qui le sauvait de son manque de substances médicamenteuses... non?

Hmmmm... J'suis en train de réfléchir si j'ai rien en haut ...

Je sais ce que c'est qu'être à la dech, mais j'me fais fournir demain, en espérant ne pas me faire prendre ...

Tiens, on aurait dit que dès que Bryan avait posé ses fesses sur le banc, le silence était revenu, toujours aussi pesant et réconfortant que d'habitude. Peut-être qu'en fait, Hamilton ne voulait que sentir une présence masculine près d'elle? M'enfin, disons qu'elle aurait pu choisir mieux comme présence à la place de prendre un rachitique accro et asocial, non? Disons qu'une femme "normale" préférerait la présence d'un bel homme musclé... Lou-Ann ne devait pas être normale, voilà...
Remarque, qui est normal dans cet institut?

"Hmmmm... J'suis en train de réfléchir si j'ai rien en haut ..."

Les derniers espoirs d'Hartford s'envolèrent en fumée dès que Lou Ann avait ouvert la bouche. Sans rien montrer - c'en était devenu une habitude -, le violeur désespéra. Il ne lui restait plus qu'à attendre que le temps passe, que ses mains cessent de trembler comme si elles étaient prises de panique et qu'il puisse enfin aller se coucher. Bon, il venait de se réveiller mais toutes les raisons étaient bonnes pour Bryan de se trouver dans un lit confortable aux couvertures chaudes.
Sans s'en rendre compte, Hartford se mit à se frotter l'intérieur du coude en se mordant la lèvre inférieure.

"Je sais ce que c'est qu'être à la dech, mais j'me fais fournir demain, en espérant ne pas me faire prendre ..."

Le violeur ne put s'empêcher de ricaner. C'était bien normal qu'elle sache comment se sentaient les drogués, puisqu'elle était toujours en contact avec eux pour leur fournir leur dose. Bryan le premier, bien évidemment. Bryan était en fait le premier à savoir que Lou Ann réussissait à obtenir de la drogue à partir de liens extérieurs.
Cette fois-ci, le souvenir l'envahissait tellement qu'il ne pouvait plus tenter de la retenir de nouveau en secouant la tête.

Il faisait nuit. C'était un... samedi, si sa mémoire était bonne. Bryan se promenait dans les couloirs déserts et au moment ou il passait devant les toilettes des filles, quelqu'un en sortit: Lou Ann. Ce n'était pas cette présence qui avait le plus étonné Hartford cette nuit-là, c'était l'odeur familière qui s'émanait de tout son être.
Elle sentait la drogue à des kilomètres.
Ça devait faire environ un mois et demi que le violeur était arrivé et il n'avait pas pris une once de hasch depuis ce temps; alors disons que l'odeur qui avait envahie ses narines avait fait apparaître une jolie petite lueur au fond de ses yeux. Le manque s'était aussitôt mis à se sentir à travers tout son être, et le seul moyen que Bryan avait trouvé pour combler ce manque avait été de sauter sur Hamilton pour tenter d'en avoir ne serait-ce qu'un minimum.
Il n'avait rien trouvé.
Vous savez, le manque nous fait faire plein de choses qu'habituellement on ne ferait jamais. Et ce soir-là, Hartford avait si envie de sa dose qu'il se mit à frapper tout ce qui l'entourait: murs, lavabos, vide, Lou Ann. Heureusement ça n'avait pas duré, car il ne se rappelait plus comment mais Hamilton avait réussi à le maîtriser et l'avait emmené dans sa chambre - peut-être pour avoir la paix ou pour éviter qu'il aille la dénoncer -, là ou les cachettes de drogue étaient trop nombreuses pour toutes les savoir.
Cette nuit-là, Bryan avait consommé comme jamais il n'avait consommé.
Et depuis, Hamilton donnait de la drogue à son premier client, et en échange il faisait ce qu'elle désirait - le meilleur des deux mondes, quoi.

"À quelle heure, ta livraison?"

Hé bien oui, comme quoi les souvenirs nous donnaient envie de consommer... Un léger goût de sang se mit à apparaître dans sa bouche, et Bryan remarqua que durant toute la durée de son souvenir il n'avait pas cessé de se mordre la lèvre, qui maintenant saignait légèrement.

"À quelle heure, ta livraison?"

Vers dix heures, ou plutôt onze heures, je ne sais pas trop... Dans tous les cas, retrouve moi à la bibliothèque, vers une heure et demi, juste après manger...

T'as quelquechose de prévu là, après ? Parceque on pourrait aller inspecter ma chambre pour voir si j'ai vraiment rien d'caché ...

[quote]

Bryan tentait d'essuyer le sang qui tombait à petite gouttes de ses lèvres avec le bout de son doigt pendant que Lou Ann réfléchissait à il-ne-savait-quoi. Après tout, il se fichait bien de ce que sa dealeuse pouvait penser - que ce soit à propos de lui ou en général -, tant qu'elle le laissait en paix sans qu'il lui soit nécessaire de parler, ça lui allait parfaitement. Mais, comme toujours, ce moment ne dura pas.

"Vers dix heures, ou plutôt onze heures, je ne sais pas trop... Dans tous les cas, retrouve moi à la bibliothèque, vers une heure et demi, juste après manger..."

Il n'y avait presque plus de sang qui apparaissait sur le doigt de Bryan lorsque sa dealeuse lui parla de la bibli. Il leva alors la tête dans sa direction, puis une lueur étrange apparut dans son regard. Pas la lueur de désir qui montrait le bout de son nez dès qu'une blonde approchait, pas du tout! La lueur qui se trouvait dans les yeux du violeur à cet instant n'était autre qu'une lueur d'espoir... Voir cette lueur dans les yeux d'un homme tel que lui peut paraître assez bizarre, et c'est en fait le cas; le voir ainsi, les mains tremblantes et le regard brillant, lui donnait l'air ni plus ni moins de ce qu'il était réellement - un mendiant.

"T'as quelquechose de prévu là, après ? Parceque on pourrait aller inspecter ma chambre pour voir si j'ai vraiment rien d'caché ..."

Hartford, en petit naïf de la vie qu'il était, haussa les épaules en répondant à son sourire. Pour lui, une chambre était une place ou les gens dormaient: on ne faisait pas l'amour dans un lit, voyons! Les seules places ou Hartford l'avait fait était dans une ruelle, à la vue de quelques mendiants et autres junkies qui vivaient en ces lieux une fois la nuit tombée. D'ailleurs, pour Bryan William Alexis, il n'avait jamais vécu l'amour dans sa forme la plus magique. Il violait, et le viol n'était pas supposé être un moment magique - enfin, pour les violées.
De plus, le violeur n'avait jamais eu l'intention de le faire avec une brune, et cette seule idée le rendait sceptique...

"Tout de suite?"

Par habitude, Bryan fouilla dans sa poche pour voir s'il avait un minimum d'argent: rien, comme toujours. Il paiera d'une autre façon, comme il l'a toujours fait avec Lou Ann, alors. De toute façon, l'argent n'avait plus aucune valeur dans ce centre - tout se payait d'un manière ou d'une autre...

» I got it... Water is the only drink allowed here ! {LIBRE